Le 22 juillet 2021 Airseas présente son projet aux conseillers municipaux.
Cette vidéo dure 2 heures, mais est très intéressante. Surtout après 45 mn : questions/réponses.
Notons au passage que pour la majorité des élu(e)s, ce 22 juillet est la première fois où les responsables leur présentent le projet, alors que les travaux auraient dû commencer le premier juillet et se terminer avant août !
Devant les élus municipaux, M. Bernatets, président d’Airseas, un très très bon communiquant, nous explique à la 9ième minute 20s : « on ne s’adresse pas à un petit problème. On s’adresse à un problème majeur, central qui touche TOUT le monde, sur lequel, il n’y a pas beaucoup de solution aujourd’hui…. quand on demande aux armateurs de faire moins 40 % de réduction de CO2, ils ne savent pas par où commencer ! ». Nous allons voir pourquoi c’est faux !
Dés à présent une petite remarque sur la démocratie et la transparence : Si les associations et les citoyens n’avaient pas été informé par une indiscrétion, si les associations et citoyens n'avaient pas été présents et actifs sur le terrain, les travaux auraient commencé début juillet ! (voir PO 14 et 15 juin 21 Ou Ouest France du 3 juillet 2021 ou Courrier du Pays de Retz du 25 juin 2021) pour être terminé en août ! Journaux lisibles ici.
Airseas :
Entreprise créée en 2016 par deux cadres d’Airbus, dont M. Bernatets. Plusieurs anciens employés d’Airbus y travaillent. Airbus déteint 11% du capital. La première commande est une voile pour un cargo d’Airbus ( voir PO 6 sept 18 ou PO 7 sept 18 ou cdp 21 sept 18 ou OF 8 oct 18). Mais le patron de cette start-up ne souhaite pas qu’Airseas soit considérée comme une filiale d’Airbus. Airseas veut se faire passer pour une petite entreprise indépendante et modeste, non pour une multinationale.
Prenons acte : Airseas est indépendante d'Airbus !
photo prise dans plusieurs médias.
Le projet d’Airseas bénéficie d'une aide publique de l’ADEME de 7,2 millions d'euros sur 13,2 millions de budget , nous avons donc un droit de regard sur notre argent.
Airseas dit assurer une réduction de 20 % des émissions de CO2 pour les gros navires.
cela parait ÉNORME et devrait nous réjouir. Mais :
1. Les gros navires (cargos, porte-containers, vraquiers, tankers) utilisent le plus souvent des fiouls lourds, appelé fioul soute, de très mauvaise qualité, qui dégage un peu plus de CO2 que les fiouls « normaux » et énormément plus de gaz soufrés . Les armateurs pourraient utiliser un fioul moins polluant, dit basse teneur en soufre, mais ce serait plus coûteux.
Le problème est un problème financier.
2. Selon la présentation au conseil municipal du 22 juillet : Airseas dit pouvoir économiser 20% du CO2 produit par les plus gros navires. Ces 20 000 navires, représentent 88 % du transport maritime. La production de CO2 maritime totale est 3 à 5 % de la production mondiale (prenons 4%). Dans les 10 ans qui viennent Airseas espère équiper 10 000 navires sur les 20 000 navires de plus de 300 mètres.
En faisant quelques calculs simples on trouve que la réduction CO2 maximum serait égale à 0,352 % de la production mondiale de CO2.
Bien sûr c’est toujours bon à prendre, mais ce chiffre est plus discret que les 20% maintes fois répétés.
Bien sûr, ce ne sont pas les mêmes références (un navire, et la consommation mondiale), mais cette astuce de présentation est une question de publicité et d’impact psychologique.
- 0.35 % de la production mondiale, ce calcul suppose que le chiffre d’économie de 20% par navire n’est pas exagéré. Ce qui arrive parfois lorsqu’un représentant vante son produit (voir les constructeurs automobiles, etc.)
- Le calcul est fait pour 10 000 navires qui ont accepté le contrat.
- Rappelons également que ces 20 % déclarés sont théoriques puisque la voile n’a pas été testée en situation réelle en mer sur un grand navire. Son bénéfice pratique pourrait être bien inférieur.
Ce 0,35 % de réduction de CO2 autorise-t-il une installation en force dans un marais Natura 2000, Ramsar et ZNIEF ?
3. Sur le site Planète-Energie, créé par la Fondation Total Energie, du 12 juin 2019, on peut lire : « Le secteur de l’aviation représente 7,8 % de la consommation finale de pétrole dans le monde et celui de la navigation en absorbe 6,7 %. Ce sont des chiffres loin de ceux du transport routier (véhicules légers et fret) qui atteignent 49,3 % de la consommation finale mondiale.
Prochainement faudra-t-il autoriser des recherches d’économie d'énergie automobile dans un autre marais Natura 2000?
4. Dans Ouest France le 6 novembre 2017, on pouvait lire :« Les armateurs sont dans une course à l'économie » L'enjeu est crucial pour les armateurs, qui assurent 90 % du fret mondial : les 28 000 navires de plus de 100 mètres qui parcourent les mers consomment chacun entre 5 et 10 millions d'euros par an de carburant, soit environ 50 % de leurs coûts opérationnels, souligne AirSeas. Ils font face au risque d'un « retour à terme d'un prix du carburant plus élevé », explique Paul Tourret, le directeur de l'Institut supérieur d'économie maritime, à Nantes. « L'armateur sait qu'il est difficile de survivre avec des niveaux de soute élevés », souligne-t-il. Par ailleurs, les normes environnementales sont de plus en plus strictes et « exigent des carburants de meilleure qualité », poursuit ce spécialiste du transport maritime selon lequel les navires consomment du fuel lourd avec notamment des taux de dioxyde de soufre et de dioxyde d'azote élevés. Reste que si « les armateurs sont dans une course à l'économie », la « recherche de toutes les alternatives » passe par leur efficacité, analyse Paul Tourret, directeur de l'Institut supérieur d'économie maritime, à Nantes »
Le problème est bien économique et financier.
5. Aux conseillers municipaux, M. Bernatets déclare qu’en 2050 les émissions de CO2 maritime représenteront 17 % de la production totale mondiale, aujourd’hui c’est 3 à 5 %. Il y aura une multiplication du CO2 maritime par 4 à 5. Pour lui, nous n’avons pas le choix, « soit on arrête le commerce, soit on l’accompagne » .
En temps que " responsables ", M. Bernatets, vendeur de kites, et le maire de Machecoul St Même, choississent ce second choix : multiplier les pollutions maritimes par 4 ou 5, pour faire quelques miettes d' économies sur la production de CO2.